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SUR LA FOI.


noncer, ll voulait au moins qd’i.l les ressrvat pour une antre occasion, pour Il ouvrage de piété, par exemple. (Voir Pexemplaire d’Aix.) Je ne releve ici que les erreurs materlelles, pour nepas dire plus, et ne rn‘arr·ets pas amontrer ce qu’il y a dïnvralsemblable, de contradictoire au caractère de Vauvenar- gues, dans cette forfanterio devant la_mort, que Condorcet lui prete. Sans parler de ses laeimes, ou son ame, vraiment llère et vraiment courageuse, dédaigne la fausse iatrèpidilé de Pincrédule, Vauvenargues était trop bien élevé et trop par pédant pour chasser, ~— avec deux vers de Racine, un homme qui venait lul parler de Dien. Blais pusons L la seconde version: -— ~ D’Argental, ami de Vauvenargues, qui assistait a au dsrnlers moments, _ • lui ayant d andé s’il s’était confesse a un théologien qu’on venait d’en- ~ voyer au morihond, pour le convertir, ou en faire semblant, Vauvenargues · répondit par ces deus vers de Racine, dans Balaaet (cité: plus haut).,.. ·- Uallbibliuement du corps ln!lua·peu en lui sur la vigueur de l’ame, et il ~ pensait, comme Voltaire, qu’un peut adorer I’Étre-Supreme sans se faire _ • eapacù¤.•—Cette historiette, qui appartient A l’èdition Beuchot, est signée de M. Clogenson, qui n’en indique pas la source. Elle est évidemment de meme provenance que la première, dont elle n’est que Pabrége; elle .en diffère, toutefois, en plusieurs points: nous avons ici un simple théologien, au lieu du Père Jésuite qui convenait mieux à Condorcet; de plus, la scène est réduite; elle ne se paso plus devant un cercle d’amis, vers lesquels Vsuvmargues se toume pour débiter, en héros de théatre, deux vers de théatre; elle ne se passe meme pas devant D’Argental, qui n’en reçoit qu’apres coup la confidence. Enfin, quand le commentateur ajoute que Vauvenargues peruait comme Voltaire, dont il cite un mot que nous avons cité nous-meme, il oublie que c’est precisement à Vauvenargues que Voltaire adressait ce mot, pour lui reprocher précisément de ne pas Eenser comme lai, et de ce faire capucin, sn lieu d’adorer tout bonnement l’ tre-Supreme. Mais passons A la troisieme version; c’est celle de Suard, dans Pédition de 1806:

— ~ On a dit, at il passe meme pour constant parmi les personnes qui ont le plus connu Vauvenargues, que la Prière precedente était le resultat d’une espèce de défi fait a l’auteur d’écrire tout un morceau de prose en vers blancs, dc manière a ce qu’on ne s’en apercut pas, a moins d’etre averti. ·= C’est ce qu’ll a fait dans cette Prière. Pour peu qu’on y fasse attention , on la trouvera entierement composée de vers ayant tous le nombre de pieds —« qu’iI faut pour composer un vers français, et remplissant presque toutes les conditions nécessaires des vers, excepté la rime. Au reaœ, quoi qu’on puisse penser de cette anecdote, ll faut remarquer que, partout ou Vauvenargues a pris un ton élevé, il s adopté la meme manière; et l’Eloge du jeune de Seytres, en particulier, est presque entièrement dans ce genre. • -— lci, le fief n’est plus le mème; Vauvenargues n’a plus voulu contrefaire la majesté ’ Et l'enthousiasme de Bossuet; il a voulu simplement écrire un morceau de prose en vers blancs, de manière ti ce qu’un ne :’en aperçut pas, et il faut avouer que le cas est moins grave; mais, suppose que ce fut l’objet de Vauvenargues dans la forme de ce morceau, cst·ll permis pour cela de nier la sincerité du fond T Niera-ton la sincérité de l’Eloge de Seytres, parce qu’il est écrit avec le même procédé, et dira-von que cet Eloge n’est qu’un jeu, ou un puéril Exercice de composition ?

Que conclure de ces différentes versions, sinon que leur contradiction méme les rend au moins suspectes, ou plutot qu’elles se détruisent les unes par les autres? Pour nous, la question n‘est pas douteuse; outre les retours personnels de l’autenr que nous avons remarqués dans ce morceau, outre quelques passages qui se retrouvent a peu pres identiques dans ses lettres a Saint-Vinceus et ailleurs, les vains efforts de Voltaire, pour faire supprimer une page