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DE PASCAL.


_ I _ ‘ vsmrt mas rxunosornns. , Faibles hommes! s’écrie un orateur', osez-vous vous fier encore aux prestiges de la raison, qui vous a trompés tant de fois? Avez—vous oublié ce qu'est la vie, et la mort qui vala iinir ? Ensuite il leur peint avec force la terrible in- certitude de l'avenir, la fausseté ou la faiblesse des vertus humaines, la rapidité des plaisirs qui s’etl`acent comme des Songes, et s'enfuient avec la vie; il profite du penchant que nous avons à craindre ce que nous ne connaissons pas, et à. souhaiter quelque chose de meilleur que ce que nous connaissons; il emploie les menaces et les promesses, l’es- pérance et la crainte, vrais ressorts de l’esprit humain, qui persuadent bien mieux que la raison'; il nous interroge nous-memes et nous dit : N'est-il pas vrai que vous n'avez jamais été solidement heureux ? — Nous en convenons. — N’est-il pas vrai que vous n'avez aucune certitude de ce qui doit suivre la mort? — Nous n'osons encore le nier. — Pourquoi donc, mes amis , continue—t-il, refuseriez-vous d’adopter ce qu'ont cru vos pères, ce que vous ont annoncé successivement tant de grands hommes, la seule chose qui puisse nous consoler des maux de la vie et de l’amertume de la mort? Ces paroles prononcées avec véhémence nous étonnent , et nous nous disons les uns aux autres : Cet homme connait bien le cœur humain; il nous a convaincus de toutes nos misères. — Les a-t-il guéries? répond un philo- Sophe. — Non, il ne l'a pu. — Vous a-t-il donné des lu- mières, continue-t·il, sur les choses qu’il vous a convaincus de ne pas savoir? — Aucune. — Que vous a-t-il donc en- _ soigné? -— ll nous a promis, répondons-nous, après cette vie, un bonheur éternel et sans mélange, et la possession • ll est clair qu’il (agit. ici d‘un orateur chrétien, d'un prédicaleur. — G.

  • Vauvenargues a dit de même dans lo Discours sur le Caractère des diffé-

rent: siècles: « Il n'y a rien que la crainte et Ycspérance ne puissent par- . « suader aux hommes. -> — G. ` l l l