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IMITATION

DE PASCAL

SUR LA RELIGION CHRÉTIENNE.

— La religion chrétienne, disent tous les théologiens, est , au-dessus de la raison. - Mais elle ne peut étre contre la raison; car si une chose pouvait être vraie et ètre néanmoins contraire à la raison, il n’y aurait aucun signe certain de vérité.

- La vérité de la révélation est prouvée par les faits, continuent-ils; ce principe posé conformément a la raison, elle-méme doit se soumettre aux mystères révélés qui la passent. - Oui, répondent les libertins, les faits prouvés par la raison prouveraient la religion, méme dans ce qui

I • Le titre Imitation de Pascal et la tournure de ces réflexions pourraient lm faire regarder comme une critique de la maniere de Pascal, qui rapporte quelquefois des objections contre la religion, sans se mettre en peine de les détruire, comme dans cette réflexion: Les impies qui font profession de suivre la raison, etc., II• part., art. XVIII, des Pensées de B. Pascal; et cette autre: ` Par les partis, etc. -B. — De son coté, Suard seroit tenté quelquefois de prendra ees morceaux pour des essais de raisonnement et des objections que Vauvenargues se faisait a luiwnëme. Selon nous, il y a la plus qu‘une critique de la manière de Pascal, plus qu'un simple exercice de raisonnement, et Vauvenargues entendait faire cgobjections a d'autrcs encore qu‘xllui-mème. L’arriere- pensée sceptique et railleuse est trop visible pour qu'on puisse s'y méprendrv, ct c’est l’svis de M. Prevost-Paradol, dont nous avons invoqué plus haut Pautorité. Un autre écrivain, qui n'occupe pas seulement avec distinction la plus haute chaire d’écouomie politique en Europe, celle du collège de France, mais qui est en mème temps un critique aussi sur que délicat, ll. Baudrillart, reconnait également ici, et dans le Traité du Libre arbitre qui précède, ~ un certain tour d'esprit assez répandu au 18* siècle, qui consiste a proposer « A la décision ecclésiastique, non sans ironie sous le respect apparent, la « solution des problèmes embarrassants de la philosophie qui avoisinent la « théologie. n Nous ne saurions 'mieux faire que de déférer A l’opinion de ces deux excellents juges. — G. -