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216 rnurs est méprisable, parce que dire qu'un homme est méprise-- ble, c'est dire qu’il manque d‘esprit et de cœur; or, on desï point injuste quand on nepense en cela que ce qui est vrai; et ce qu‘i1 est tres-impossible de ne pas penser. A l'égard dz ceux que la nature a favorisés des beautés du génie ou dî la vertu, il faudrait étre bien peu raisonnable pour se dé— fendre de les aimer, par cette raison qu’ils tiennent touî ces biens de la nature. Quelle absurdité! Quoi! parce quë M. de Voltaire est né poète, j’estimerais moine ses poésiesî parce qu'il est né humain, j’houorerais moins son huma.` nité? parce qu'il est né grand et sociable, je n'aimerais pg tendrement toutes ses vertus? C'est parce que toutes ca; choses se trouvent en lui invinciblement, que je 1'en ain; et 1'en estime davantage; et, comme il ne dépend pas de lu; de n‘ètre pas le plus beau génie de son siècle, il ne dépend pas de moi de n’étre pas le plus passionné de ses admin- teurs et de ses amis. ll est bon nécessairement; je l’aime de [ méme. Qu'y a-t—il de beau et de grand que ce que la nature a fait? qu‘y a—t—il de diiforme et de faible que ce qu'ellea ' _ produit dans sa rigueur? quoi de plus aimable que 598 l _·, dons, ou de plus terrible que ses coups? — Mais, pour- Z-, · suivez-vous, malgré cela, je ne puis m’empécher d'excuser L un homme que la nature seule a fait méchant. — Eh bien! 1 mon ami, excusez-le; pourquoi vous défendre de la pitié? lr._ La nature a rempli le cœur des bons de l’horreur du viws tl- mais elle y a mis aussi la compassion, pour tempérer œtte I, haine trop fière, et les rendre plus iudulgents. Si la créanw ; de la nécessité augmente encore ces sentiments d'humanitè. ix si elle rappelle plus fortement les hommes à la clémence ç; quel plus beau système? 0 mortels, tout est nécessaiftëi zz le rien ne peut rien engendrer; il faut donc que le premîü ai principe de toutes choses soit éternel; il faut que les MM 1: . créés, qui ne sont point éternels, tiennent tout ce qui well _ eux de l'Btre éternel qui les a faits. Or, s`il y avait dm M l'esprit de l’homme quelque chose de véritablement indé' ès , V pendant; s‘il y avait, par exemple, une volonté qui ne dé'