Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/262

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zos rnsmî bien_et à. la vérité, si des habitudes plus fortes ou des sen- Sttlons plus VIVH DB les l‘8t8¤818Dl. dans l BITGUI'. MAIS, comme il est ordinaire qu'une grâce, suilisante pour les âmes modérées, cède à Pimpétuosité d’.un génie vif et sensible, nous devons attendre en tremblant les secrets jugements de Dieu, courber notre esprit sous la Foi, et nous écrier avec · saint Paul : O profondeur éternelle , qui peut sonder les ablmes? qui peut expliquer pourquoi le péché du premier homme s’est étendu sur sa race? pourquoi des peuples en- tiers, qui n’ont point connu la vie,sont réservés à la mort? pourquoi tous les humains, pouvant ètre sauvés, sont tous s exposés à. périr ' ?· t Nous l‘avons dit dans notre Éloge de Vauvenargues, on ne peut s'étonncr asse: de voir l’apotre le plus décidé de Faction contester ici à l'houame le pou- _ ' voir d'agir, et, après de vains efforts pour concilier la liberté et la nécessite, conclure pour la dernière. Nous avons remarqué déjà, nous remarquerons encore bien des contradictions dans Vauvenargues; mais celle-ci est la plus étrange de toutes. Il est vrai que cet ouvrage appartient A sa jeunesse; car ' le Discours sur la Liberté, qui en est le noyau, et que nous y avons joint sous forme de notes, est daté du mois de juillet 1737, a Besançon, et Vauvenargues avait alors 22 ans; mais il n’œt pas moins vrai qu’il en a retenu jusqu’a la lln de sa vie les principales conclusions, sinon toutes. ll sudit, pour s‘en con- vaincre, de relire l'Eloge d'IIippolyte de Seytrec, et surtout les Reflexions sur divers mien, ou cette idée de lanécessitè tient tant de place encore. Faut-il voir dans cette opinion extreme le douloureux ressentiment des chagrins parti- culiers de l'auteur 7 Faut-il croire que, trouvant toujours en lui, précisément parce qu’il a l'ame haute, une plus grande puissance de vouloir que d’attein- dre, Vauvenargues, sous le coup de tant d'espérances brisées et de tant de bonne volonté perdue, nie la volonté dans son principe, parce qu'elle est sou- vent impuissante dans ses edets, et conclut que l'liomme n'est pas libre, parce que la volonté ne reçoit pas toujours le prix, méme des plus nobles e|I'ort.s? Enlin, ne faut-il voir dans ce traité qu’un exercice et une œuvre d'imitation 1 Nous y avons trouvé la trace de Locke; celles de Port·Royal et de Malebranche ne sont pas moins visibles, et il n’y a pas loin des conclusions de Vauve- nargues A la fatalité de la grace et L l'absorption de l'homme en Dieu. D’un autre coté, le premier que nous sschions, M. Prevost-Paradol, professeur a la Faculté des Lettres d'Aix, a signalé, dans m brillantes et sfolides leçons sur ‘ Vauvenargues, la ressemblance de ce Traité sur le Libre Arbitre avec la theo- rie de Spinosa dans I’Ethique et dans Ia Leltre ai Oldenlarg. Cette ressem- blance mt a noter en effet, car il est probable que Vauvenargues n’avait pas luSpinosa, dont il ne prononce qu'une seule fois, et indirectement, le noru dans ses ouvrages (voir aux Caractères, Eumolpe, ou le Mauvais poele); mais il · sultisait qu’il eut étudié Mnlebranche pour se rencontrer avec lc philosophe panthéiste, car ce dernier n'a fait que tlrer les conséquences extremes de la théorie du premier'. — G. l —·¢O?-—~