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2114 TRAITE · Semez donc dans ces exemples la vérité des principes que j'ai’établis, faites—cn l'application : le voluptueux, de sang- ·froid,'connatt et veut son vrai bien, qui est la vie et ta -santé; près de l'objet de sa passion, il en perd le goût et ·l'idée; conséquemment, il s’en éloigne, il court apres un bien trompeur. Lorsque la raison s'otl`re à lui, son affection se tourne vers elle; |orsqu'elle fait place au mensonge, on' que, captivée par l’objet présent, son aiïection change aussi, sa volonté suit ses idees ou ses sentiments actuels; rien n'œt si simple que cela. La raison et les passions, les vices et la vertu dominent ainsi tour à tour, selon leur degré de force et selon nos habitudes; selon notre tempérament, nos principes, nos mœurs; selon les occasions, les pensées. les objets, qui sont sous les yeux de l'esprit. Jésus·Christ ` -a marqué cette disposition et cette Iaiblœse des hommes · en leur apprenant la priere : craignez, dit-il, les tenta- . tions; priez Dieu qu’il vous en éloigne, et qu’il vous de- tourne du mal. Mais les hommes , peu capables de replier leur esprit`, prennent ce pouvoir qui est en eux d’ètre mus inditïéremment vers toute sorte d’objets par leur volonté toute seule, pour une indépendance totale. ll est bien vrai que leur cœur est maniable en tout sens; mais leurs désirs orgueilleux dépendent de leurs pensées, et leurs "pensées, de Dieu seul. (1'est donc dans cette puissance de nous mou- voir de nous-memes, selon les lois de notre etre, que oon- siste la liberté; cependant ces lois dépendent des lois de la creation, car elles sont éternelles, et Dieu seul peut les changer par les effets de sa grace. . ` ` Vous pouvez, `si vous le voulez, user d’une distinction, n’appeler point liberté les mouvements des passions nés ·d’une action étrangère, quoiqu’elle soit invisible; vous ne . ~· nous un tiers, auquel il appartient de décider. Mais ce tiers, quel est-il'! je - le demande. Je ne connais dans l'homme_que des sentiments et des pen- · sées; quand Iœ passions lui donnent un mauvais conseil, a qui aura-vil « recours! A sa raison? Mais si sa raison lui dit elle-meme d'obéir cette fois · A ses passions, qui le sauvera de l’erreur·‘Z Y a-t-il dans son uprit un au- ¤ tre tribunal qui puisse infirmer les arrets et les resolution de 0elui·c.i‘l •.