pendance; cela choque trop la raison , Petpérience et la
piété. Ce qui fait pourtant illusion aux partisans du libre
arbitre, c'est le sentiment intérieur qu' ils en trouvent dans
leur conscience, car ce sentiment n’est pas faux. Que ce soit
notre raison ou nos passions qui nous meuvent, c'est nous '
qui nous déterminons; il y aurait de la folie à distinguer ses A
pensées ou ses sentiments de soi '. Je puis me mettre au
régime pour rétablir ma. santé, pour mortifier mes sens, ou
pour quelque autre motif : c’est toujours moi qui agis, je ne
fais que ce que je veux ; je suis donc libre, je le sens, et mon
sentiment est fidèle. Mais cela n'empeche pas que mes vo-
lontés ne tiennent aux idées qui les précèdent; leur chaîne
et leur liberté sont également sensibles; car je sais, par
expérience, que je fais ce que je veux; mais la méme expé-
rience m'enseigne que je ne veux que ce que mes sentiments
, '
ou mes pensées m ont dicté. Nulle volonté dans les hommes
qui ne doive sa direction à. leurs tempéraments, à leurs
raisonnements et à leurs sentiments actuels *.
l .-ld. : « Tantot la verité et taritot l`opinion nous déterminent, tantot la
~ passion; et tous les philosophes, d‘accord sur ce point, s'en rapportent lt
·~ l‘expér·ieneo.—Mais, disent les sages, puisque la ünexion est aussi capable
· de nousdéterminer que le sentiment, opposons donc la raison aux pas-
·· sions, lorsque les passions nous attaquent. - Ils ne font pas attention que
·~ nous ne pouvons mème avoir la volonte d’appeler a notre aide la raison, ·
~ lorsque la passion nous conseille, et nous préoccupe de son objet. Pour re-
~ sister a. la pmion, il faudrait au moins vouloir lui résister; mais la passion
« vous fera-t-elle naitre le désir_de combattre la passion, dans l'sbsence de la
· raison vaincue et dissipée? · q
- Tout ce traité se réduit presque A la preuve de Fantériorité du sentiment
et de la rétlexion Il l’acte volontaire, preuve oiseuse, car on n'a jamais. pu prétendre que l'acte volontaire ne reposet sur rien; il lui faut bien des élé- ments otr des mobiles, puisque rien ne se fait de rien. Mais Vauvcwargues n’y insiste que pour en conclure, non·seulemcnt la subordination, mais aussi la né- cessité de Pacte volontaire, et cette conclusion est fausse. En effet, que Pacte volontaire soit simplement conséquence au lieu d'etre principe, qu'il soit pré- venu par le sentiment et la rétlexion, qu'imp0rte, si, A fin de compte, c’est le sujet agissant qui se détermine entre les diverses impulsions qu’il reçoit ori du sentiment, ou de la réflexion'! Qu’lmporte surtout, s‘il a conscience qu'rl pourrait ne pas vouloir ce qu’actuellement il veut, ou vouloir ce qu’netuelle- mont il ne veut pas 7 Or, e‘est cette faculté méme qui s’appelle L bon droit la liberté. Enfin, sentiment, réflexion, volitlon, n'étant que les attributs d’un _ même sujet, pourquoi distinguer entre eux, et donner aux deux premiers une puissance indépendante du sujet indivisible, l'àme ou le moi, qui les renferme \