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SUR L'INÉGALITÉ DES RICHESSES.


npétueux enchaînée sous la méme loi; l' univers éternelle- ent assujetti a la même règle; ce spectacle échappe à urs yeux malades et préoccupés. Aussi n’est.-ce pas par . pompe que je combattrai leurs erreurs : je veux les con- .incre par ce qui se passe sur cette méme terre qui en- tanœ leurs sens, ou se bornent toutes leurs pensées et tous mrs désirs. Je leur présenterai les merveilles sensibles fils idolâtreut; tous les hommes, tous les états, tous les ts enchainés les uns aux autres, et concourant également u maintien de la société; la justice manifeste de Dieu ‘ ms sa conduite impénétrable; le pauvre soulagé, sans le .voir, par la privation des biens memes qu’il.regrette; le che agité, traversé, désespéré dans la possession des tré- ms qu’il accumule, puni de son orgueil par son orgueil, nâtié du mauvais usage des richesses par l'abus meme n’il en ose faire; le pauvre et le riche également mécon- mts de leur état, et par conséquent également injustes et veugles, car ils [se] portent envie l’un à l'autre, et se croient éciproquement heureux; le pauvre et le riche forcés par zur propre condition de s'entr’aider, malgré la jalousie des ns et l’orgueil injurieux des autres; le pauvre et le riche galés enfin par la mort et par les jugements de Dieu. S'il est des misères sur la terre qui méritent d’étre xceptées, parce qu'elles paraissent sans compensation, trouvent-elles plutôt l’inj ustice de la Providence, qui donne .i lîbéralement aux riches les moyens de les soulager, que » 'endurcissement de ceux-là mêmes qui s’en font un titre zontre elle? Grands du monde, quel est ce luxe qui. vous suit et vous environne? quelle est cette somptuosité qui règne dans vos bâtiments et dans vos repas licencieux? Quelle profusion! quelle audace! quel faste insensé! Ce- pendant le pauvre, affamé, nu, malade, accablé d'injures, repose à. la porte des templesoù veille le Dieu des ven- geances; cet homme, qui a une àme comme vous, qui a un méme Dieu avec vous, méme culte, méme patrie, et sans doute plus de vertu, il languit à vos yeux, couvert d'op· l