Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/232

Cette page n’a pas encore été corrigée

118 4 DISC 0 U It S son trone; la te11·el’appelle a son centre; frappé tout a coup sous la pourpre, il descend aux sombres demeures ou la mort égale à. jamais le pauvre et le riche, le faible et le fort, le prudent et le téméraire; ses braves soldats, qui avaient perdu le jour sous ses enseignes, l'environnent, saisis de crainte : O sage empereur, est—ce vous? Nous avons combattu jusqu`au dernier soupir pour votre gloire; nous au- rions donné mille vies pour rendre vos jours plus tranquilles. Quoi! sitôt vous nous rejoignez! quoi! la mort a ose inter- rompre vos vastes desseins ! Ah I c’est maintenant que le sens des paroles de Salomon achève de se découvrir! Le pauvre etle riche se sont rencontrés, le sujet et le souverain; mais ces distinctions de souverain et de sujet avaient disparu, et n’étaient plus que des noms. 0 néant des grandeurs hu- maines I 0 fragilité de la vie! Sont-ce la les vains avantages pour lesquels, toujours prévenus, nous nous consumons de travaux? Sont-ce là les objets de nos empressements, de · i nos- jalousies, de nos murmures audacieux contre la Provi· · dence? Dès que nos désirs injustes trouvent des obstacles; dès que notre ambition insatiable n’est pas assouvie; dès · que nous soutïrons quelque chose par les maladies, juste * suite de nos excès; dès que nos espérances ridicules sont · trompées; des que notre orgueil est blessé, nous osons accuser de tous ces maux; vrais ou imaginaires, cette Pro- , vidence adorable de qui nous tenons tous nos biens. Que dis-je, accuser? Combien d’hommes, par un aveuglement qui fait horreur, portent l’impiété et Paudace jusqu’a nier son existence! La terre et les cieux la confessent; l'univers en porte partout l’auguste marque; mais ces caractères, ces grands témoignages ne peuvent toucher leur esprit. Inuti- lement retentit a leurs oreilles la merveille des œuvres de Dieu : l'ordre permanent des saisons, principe fécond des _· richesses qu’enfante la terre; les nuits succédant régulière- mentaux jours, pour inviter l'homme au repos; les astres parcourant les cieux dans un effroyable silence, sans s'em— · barrasser dans leur cours; tant de corps si puissants et si