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_ l16 DISCOUlt·S· de la vraie éloquence. Pénétré de cette pensée, je reprends ce qui fait l’objet et le fonds de tout ce discours. Nous avons reconnu la sagesse de Dieu dans la distribu- tion inégale des richesses, qui fait le scandale des faibles; Pimpuissance de la fortune pour le vrai bonheur s'est oüerte de tous cotés, et nous l'a.vons suivie jusqu'au pied du trône. Élevons maintenant nos vues ; observons la vie de ces princes memes qui excitent la cupidité et 1'envie du reste des hom- mes : nous adorons leur grandeur et leur opulence; mais ' j'ai vu l'indigence sur "le tronc ', telle que les cœurs les plus durs en auraient été attendris : il ne m'appartient pas d'expliquer ce discours; nous devons au moins ce respect à ' ceux qui sont l’image·de Dieu sur la terre. Aussi n'avons- nouspas besoin de- recourir ·a ces paradoxes que le peuple ne peut comprendre ; les peines de la royauté sont d'ailleurs assez manifestes. Un homme obligé par état a faire le bon- heur des autres hommes, à. les rendre bons et soumis, à maintenir en meme temps la gloire et la tranquillité de la nation, lorsque les calamités inséparables de la guerre acca- blent ses peuples, qu'il voit ses États attaqués par un ennemi redoutable, que les ressources épuisées ne laissent pas méme la consolation de Pespérance, 0 peines sans bor- nes! quelle main séchera les larmes d’un bon prince dans ces circonstances‘ ? S’il est touché, comme il doit l'étre, de tels maux , quel accablement I s' il yest insensible, quelle indi- gnitél Quelle honte, si une condition si élevée ne lui inspire pas la vertu! Quelle misère, si la vertu ne peut le rendre plus heureux! Tout ce qui a de 1'éclat au dehors éblouit notre vanité; nous idolàtrons en secret tout ce qui s'olïre sous les apparences de la gloire : aveugles que nous sommes, | Uauteur parle vraisemblablement de Stanislas leczinski, roi de Pologne, dont il avait vu la cour A Nancy. Il avait pu voir aurai la famille du roi Jan ques, réduite i une extreme indigence, apres la révolution qui dépouilla ce prince du tronc d'Anglcterre· On connait l’histoire de Charles-le-Gros, qui. apres avoir réuni sur sa tete toutes les couronnes de Charlemagne, mourut de misère et de chagrin, l'¤n 888. — F.

  • C'eat dans ces cirronrtance: que se trouvait Louis XV au commencement

de l‘année t7l»5, la bataille de Fontenoi n’ayant été livrée que le M mai.- G.