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t70 DISCOURS SUR LES IHEURS DU SIÈCLE. de l'empire, quel autre plus avili? Ce n'est donc ni par l'intéret, ni par la licence des opinions ou l‘esprit de rai- sonnement, que les Étatsfleurissent et se maintiennent, mais par les qualités memesque nous méprisons, par l'es- time de la vertu et de la gloire. Ne serait—il pas bien étrange qu’un peuple frivole, bassement partagé entre l’intéret et les plaisirs, fût capable de grandes choses? et sî— ce même peuple méprisait la gloire, s'en rendrait-il digne ?— Qu'il me soit permis d’appliquer ces réflexions : on ne saurait nier que la paresse, l’intéret, la dissipation, ne soient ce qui domine parmi nous; et, à l’égard des opinions qui favo- risent ces penchants honteux , je m'en rapporte a ceux qui connaissent le monde et qui ont de la bonne foi; qu'ils disent si c'est faussement que je les attribue à notre siècle. En vérité, il est ditlicile de le justifier a cet égard; jamais le mépris de la gloire et la bassesse ne se sont pro- duits avec tant d'audace; jusqu’à ceux qui, se piquant de bien danser, et attachant ainsi l’honneur aux choses les moins honorables, traitent toutes les grandes de folies, et, persuadés que 1'amour de la gloire est au—dessous d’eux, sont le jouet ridicule de leur vanité'. Mais faut-il s’étouner qu'on dégrade la gloire, si on nie jusqu'à la vertu? Il n'est guère possible de rendre raison <l'uue erreur- aussi insensée, et j'avoue que j'ai peine à. comprendre sur quoi elle a pu se fonder. • Vauvenargues a déja dit même chose dans le 27* chap. de`l‘lntrodnrIion a la Connaissance de I'Espril humain. - G. `