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SUR LES MŒURS DU SIÈCLE.


ner l'esprit du monde, si vain dans son fonds. Occupés à s'insinuer auprès de ce qu'on appelle labovme compagnie, i persuader qu'ils la connaissent, qu'eux-memes en sont Pagrément, ils rendent leurs écrits aussi frivoles que les hommes pour qui ils travaillent. On ne trouvera pas ici cette basse condescendance; mon objet n'est pas de ilatter les vices qui sont en faveur. Je ne crains ni la raillerie de ceux qui n'ont d’esprit que pour tourner en ridicule la raison, ni le goutdépravé de ceux qui tfestiment rien de solide; je dis, sans détour et sans art, ce que je crois vrai et utile. J’espère que la sincérité de mes écrits leur ouvrira le cœur des jeunes gens; et, puisque les ouvrages les plus ridicules trouvent des lecteurs qu’ils corrompent, parce q·u’ils sont proportionnés à leur esprit, il serait étrange qu'un discours fait pour inspirer la vertu ne Fencourageât pas, au moins dans quelques hommes qui, d'eux·mémes, ne la conçoivent pas avec assez de force. Il ne faut pas avoir beaucoup de connaissance de l'his· toire, pour savoir que la barbarie et l’ignorance ont été le partage le plus ordinaire du genre humain. Dans cette longue suite de générations qui nous précèdent, on compte peu de siècles éclairés, et peut-étre encore moins de ver- tueux; mais cela même prouve que les mœurs n’ont pas toujours été les mêmes, comme on l'insinue. Ni les Alle- tnauds n'ont la férocité des Germains leurs ancêtres, ni les Italiens le mérite des anciens Romains , ni les Français <J'a.uj0urd’hui ne sont tels que sous Louis XIV, quoique nous touchions à. son règne. On répond que nous n'avons nous parait tout A fait inconciliable avec le respect de Vauvenargues pour les grands hommes en général, et, en particulier, pour Voltaire, qu’il regardait comme son maitre, et que, dans maint endroit de ses ouvrages, il défend avec chaleur contre les préventions de Fignorance et ds Pcnvic. Supposé que Vau- venargues, dans sa chambre de la rue du Paon, s’occupat de ce que faisait Voltaire A Versailles, jamais il n’eut attaqué dans un ouvrage destiné au pu- blic, je ne dis pas seulement son ami, mais le seul homme A peu près qui, à sa yeux, honorât encore le siècle et les lettres françaises. Selon nous, il ne faut voir icl qu’une allusion générale aux moralistes accommodants, aux ro- rp‘a;cjqE"fareilcÈ prix écrivains fr-ivoles, dont Vauvenargues se plaint si sou-