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DISCOUB S SUR LES A M(EUBS DU SIECLE ‘ Ce qu’il y a de plus dillicile lorsqu’on écrit contre _les mœurs, c’est de bien convaincre les hommes de la vérité de leurs déréglements. Comme ils n'ont jamais manqué de censeurs à cet égard , ils sont persuadés que les désor- dres qu'on`attaque, ont été de tout temps les mêmes; que ce sont des vices attachés à la nature, et, par cette raison, inévitables; des vices, s'ils osaient le dire, nécessaires et presque innocents. On se moque d’1m homme qui ose accuser des abus qu'on croit si anciens; rarement les gens de bien même lui.sont favorables; et ceux qui sont nés modérés blàment jusqu'à la véhémence qu’on emploie contre les méchants. Renfermés dans un petit cercle d'amis vertueux , ils ne peuvent se persuader les emportements dont on parle, ni comprendre la vraie misère et l'abaisse— ment de leur siècle. Contents de n’avoir pas à redouter pendant la guerre les violences de l'ennemi, lorsque tant dautres peuples sont la proie de ce fléau; charmés du bel ordre qui règne dans tous les États, ils regrettent peu les_ vertus qui nous ont acquis ce bonheur, tant de grands per- sonnages qui ont disparu, les arts qui dégénèrent et qui sfavilissent. Si on leur parle mème de la gloire, que nous l Cette pièce a une grande analogie avec celle qui précède; les idées sont su moins voisines, quand ellœ ne sont pas complétement semblables. Peut- être ce second discours, qui est resté à l'état de fragment, n'étsit·il'que le commencement ou qu'un des points du premier, que Vsuvennrguœ se propo- Sslt de refondrc. Mais, n'sysnt trouvé dans les manuscrits aucune indication précise I oct égard, nous donnons ces deux pièces sépsrément, comme les pr•L~ cèdents 'éditeurs. — G. ' `