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160 ELOGE DE P.—H.-E. DE SEYTRES. parlez, parlez. Quel silence indomptable! 0 triste aban- don l 0 terreur! Quelle main tient donc sous son joug toute la nature interdite? 0 Etre éternel et cache, daigne dissi- per les alarmes où mon ame intirme est plongee. Le secret de tes jugements glace mes timides esprits : voilé dans le fond de ton etre, tu fais les destins et les temps, et la vie et la mort, et la crainte et la joie, et l’espoir trompeur et credule; tu règnes sur les éléments et sur les enfers ré- voltés; l’air frappé frémit à ta voix : redoutable juge des morts, prends pitié de mon désespoir'!

  • A propos de ce discours, Vauvenargues écrivait a son ami Saint-Vincens:

« Une chase que je remarque, e’est que plusieur: personnes m`en ayant parle ~ comme vous avec éloge, aucune ne m’a dit qu'il fût touchant. ¤ On peut l'at- tribuer, je crois, a ce que, dans plusieurs parties de ee morceau, le ton n’est pas proportionné au sujet. Vauvenargues y prodigue les plus grands etfets et les demieres ressources de l’art oratoire, sans se demander si tout cet appareil est bien la a sa place, et s’il est permis, a propos du jeune de Scytres, de le prendre plus haut que Bossuet L propos du grand Condé. Une autre ralscn, c‘eet. que Vauvenargues ecrivait ce discours dans un de ses mo- ments de doute, et qu'il y manque une foi quelconque, une croyance quel- conque a la vie future; en vain il interroge sur ce point le lambeau, la nuit, les antre: de la terre, qui gardent, on le comprend, un silence indomptable. Lo Dien qui frappe ici, outre qu'il s'appelIe l'Ètre, n'est pas le Dieu qui ouvre les bras en meme temps qu'il frappe; c‘est le Dieu caché, voilé dam le fond de son etre, impénètrable, se renfermant dans un redoutable secret. Entln les cieux, lc trépas, les ombres, les mânea, les enfers, laissent trop apercevoir les parties factices de cette œuvre, en eentrarlent l’e|l'et., et refroi- dlssent le cœur au moment ou il va se prendre. — G. ——<©ï—-