tesses injustes'. 0h l comme elles se sont promptement dis-· _
sipées ! Quand la mort a levé le voile qu'elles avaient mis
sur mes yeux, je t'ai vu tel que ma tendresse voulait que
tu fusses dans ta vie. Mais pardonne encore une fois; car
tu n'as jamais pu douter du fond de mon attachement; je
faimais, même avant de pouvoir te connaître; je n'ai ja-
mais aimé que toi. Tes inclinations généreuses étaient chères
à mon enfance; avant de t'avoir jamais vu, mon imagina-
tion séduite m’en faisait l’aimable peinture. Cent fois elle
1n'a. présenté les grâces de ton caractère, ta beauté, ta pu-
deur, ta facile bonté; j'ign0rais ton nom et ta vie, 'et mon
cœur t'admirait, te parlait, te voyait, te cherchait dans la
solitude. Tu ne rn’as connu qu‘un moment; et lorsque nous
nous sommes connus, j'avais rendu mille fois en secret un
hommage mystérieux à. tes vertus'. Hélas! un bonheur plus
réel paraissait avoir pris la place de l’erreur de mes pre-
miers vœux; je croyais posséder l’objet d’une si touchante
illusion, et je l'ai perdu pour toujours.
Qu'ètes-vous devenue, ombre digne des cieux? mes re-
grets vont-ils jusqu'à vous?... Je frissonne,. 0 profond
abîme! 0 douleur l 0 mort, 0 tombeau , voile obscur, nuit
impénétrable, mystères de l'étemitél Qui pourra calmer
]'inquiétude et la crainte qui me dévorent? Qui me révé-
lera les conseils de la mort? 0 terrel crains-tu de violer le
secret allreux de tes autres? Tu te tais, tu prêtes l'oreille;
tu caches ton sanglant larcin. Chaque instant augmente ma
peine; mon trouble interroge la nuit, et la nuit ne peut
Féclaircir; j’implore les cieux, ils se taisent; les enfers sont
sourds à ma voix; toute la nature est muette; l`univers
ell'rayé` repose.
Ouvrez-vous, tombeaux redoutables; mànes solitaires,
- Dans les lettres de Vauvenargues A Saint-Vincens, on retrouvera pufoi;
de ces délicatesse: dont il s'accuse icl : · Il était des plus sensible: ai Vamilié, « a dit M. Sainte-Beuve, et il y a porté des déliraleues et des tendresse: qu'il · semblait avoir dérobée: à l'amaur. ~ — G. • Nouvelle preuve que Vauvenargues pleure dans ce discours, non·seu|e· ment son ami, mais |'image idéale qu’il s‘cn faisait. — G.