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DISCOURS Annnsst Au nan. Vous etes trop sévère, mou aimable ami, de vouloir qu’on ne puisse pas, en écrivant, réparer les erreurs de sa conduite, et contredire mème ses propres discours. Ce serait une grande servitude, si on était toujours obligé d'écrire comme on parle, ou de faire comme on écrit. ll faut permettre aux _ hommes d‘etre un peu inconséquents, afin qu’ils puissent retourner à. la raison quand ils l’ont quittée, et à la vertu lorsqu’ils l'ont trahie. On écrit tout le bien qu’on pense, et · on fait tout celui qu’on peut; et lorsqu'on parle de la vertu ‘ ou de la gloire, on se laisse emporter à son sujet, sans se ' souvenir de sa faiblesse; cela est très-raisonnable. Vou- driez-vous qu’on fit autrement, et qu’on ne tàchàt pas du moins d'etre sage dans ses écrits, lorsqu’on ne peut pas l’etre encore dans ses actions? Vous vous moquez de ceux qui parlent contre les plaisirs, et vous leur demandez qu'a cet égard ils s'accordent avec eux-memes; c’est-à-dire que vous voulez qu'ils se rétractent, et qu’ils vous abandonnent toute leur morale. Pour moi, il ne m’appartient pas de vous contrarier, et de défendre avec vous une vertu austère dont je suis peu digne'. Je veux bien vous accorder, sans conséquence, que les plaisirs ne sont pas tout à fait incon- ciliables avec la vertu et la gloire ': on a vu quelquefois de

  • Digne, au lieu de capable. — G.
  • Rapprochcz du i•|‘ Discours mr la Gloire.- G.