Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/189

Cette page n’a pas encore été corrigée
135
SUR LA GLOIRE.


vous fait un devoir de leur vertu. Lorsque le mépris des choses humaines les soutenait ou dans les pertes, ou dans les erreurs, ou dans les embarras inévitables de la vie, ils s’en couvraient comme d’un bouclier qui trompait les traits de la fortune; mais lorsque ce méme mépris se tournait en paresse et en langueur; qu’au lieu de les porter au travail, ' il leur coaseillait la mollesse, alors ils rejetaient tme si dangereuse tentation, et ils s’excitaient par la gloire, qui at moins donnée à la vertu pour récompense que pour soutien. lmitez en cela, mon cher ami, ceux que vous admi- rez dans tout le reste. Que désirez-vous, que le bien et la' perfection de votre âme? Mais comment le mépris de la gloire vous inspirerait-il le goût de la vertu, si meme il vous dégoûte de la vie? Quand concevez-vous ce mépris, si ce n’est dans Yadversité, et lorsque vous désespérer en quelque sorte de vous-méme? Qui n’a du courage, au con- traire, quand la gloire vient le ilatter? qui n'est plus jaloux de bien faire? Insensés que nous sommes, nous craignons toujours d'etre dupes ou de Yactivité, ou de la gloire, ou de la vertu I Mais qui fait plus de dupes véritables que l’oubli de ces memes choses? qui fait des promesses plus trompeuses que l’oisiveté 7 A Quand vous étes de garde au bord d’un lleuve, ou la pluie éteint tous les feux pendant la nuit, et pénètre dans vos habits, vous dites : Heureux qui peut dormir sous une cabane écartée, loin du bruit des eaux! Le jour vient; les ombres s'elfacent, et les gardes sont relevées; vous rentrez dans le camp; la fatigue et le bruit vous plongent dans un doux sommeil, et vous vous levez plus serein pour prendre un repas délicieux', au contraire d’un jeune homme né pour la vertu, que la tendresse d’une mère retient dans les mu- railles d’une ville forte ; pendant que ses camarades dorment sous la toile et bravent les hasards, celui-ci qui ne risque

  • Vauvenargues ne l'etlt-il pas dit, on devineralt a ce passage qu’iI fadresse

i aon jeune et infortune compagnon d’armea, Hippolyte de Seytres. - G. ’