Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/182

Cette page n’a pas encore été corrigée

t DISCOURS xnnsssiisdt un nu ` · ' PREMIER DISCOURS C'est sans doute une chose assez étrange, mon aimable ami, que, pour exciter les hommes a la gloire, on soit obligé de leur prouver auparavant ses avantages. Cette forte et noble passion, cette source ancienne et féconde des vertus humaines, qui a fait sortir le monde de la barbarie et porté ` les arts à. leur perfection, maintenant n’est plus regardée que comme une erreur imprudente et une éclatante folie. Les hommes se sont lassés de la vertu; et, ne voulant plus qu'on les trouble dans leur dépravation et leur mollesse, ilsse plaignent que la gloire se donne au crime hardi et heureux, et n’orne jamais le mérite. Ils sont sur cela dans l’erreur; et quoi qu’il leur paraisse, le vice n'obtient point d'hommage réel '. Si Cromwell n'eût été prudent, ferme, laborieux, li- béral, autant qu’il était ambitieux et remuant, ni la gloire ni la fortune n'auraient couronné ses projets; car ce n'est pas à ses défauts que les hommes se sont rendus, mais a la supériorité de son génie et à. la force inévitable de ses pré- cautions. Dénués de ces avantages, ses crimes n'auraient pas seulement enseveli sa gloire, mais sa grandeur méme. Ce n‘est donc pas la gloire qu’il faut mépriser, c'est la I Bspproches du h3• chap. de l'Inlr0duclitm ai la Comtoùsoncc de fùprit humain. - G.