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122 CONSEILS pentir; mais lorsqu’on ne s'est mis entre les mains de son ami que pour s’enhardir dans ses idées, pour les corriger, pour tirer du fond de son cœur la vérité, et pour épuiser par la confiance les ressources de son esprit, alors on est payé d'avanoe de tout ce qu‘on peut en souffrir'. · 8. ——sun LE usrms ons 1>r·:·r11·r·:s YINESSES. Que je vous estime, mon très-cher ami, de mépriser les petites finesses dont on s'aîde pour imposer! Laissez-les constamment a ceux qui craignent d'étre approfondis, qui cherchent a se maintenir par des amitiés ménagées ou par des froideurs concertées, et attendent toujours qu‘on les prévienne. Il est bon de vous faire une nécessité de plaire par un vrai mérite, au hasard méme de déplaire à. bien des hommes; ce n’est pas un grand mal de ne pas réussir avec toute sorte de gens, ou de les perdre après les avoir atta- chés. ll faut supporter, mon. ami, que l’on se dégoûte de vous, comme on se dégoûte des autres biens; les hommes ne sont pas touchés longtemps des mêmes choses; mais les choses dont ils se lassent n’en sont pas, de leur aveu, pires. Que cela vous empeche seulement de vous reposer sur vous-méme : on ne peut conserver aucun avantage que par les efforts qui l‘ac`quièrent. 9. - Amrzn Les Passions nonr.r·:s. Si vous avez quelque passion qui élève vos sentiments, qui vous rende plus généreux, plus compatissant, plus hu- main, qu'el1e vous soit chère '. Par une raison fort semblable, lorsque vous aurez attaché à votre service des hommes qui saurontlvous plaire, pas- sez-leur beaucoup de défauts; vous serez peut—etre plus mal servi, mais vous serez meilleur maitre: il faut laisser ¤ Compare: avec le 35• chap. de l’Introduction à la Connaissance de füspril humain (de l'Am|tié). — Voyez aussi la I4• Réflexion de La Rochefoucauld (de la Société). —G. · • [Beau. — v.] _