Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/174

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1N C ON SE l L S commune des hommes. Si vous méritez des honneurs, si vous forcez le monde à. vous estimer, si la gloire suit votre vie, vous ne manquerez ni d’amîs fidèles, ni de protecteurs, ni d admirateurs. Soyez donc dabord par vous·meme, si vous voulez vous acquérir les étrangers. Ce n'est point à une ame courageuse à attendre son sort dela seule faveur et du seul caprice d’autrui; c’est à. son travail à. lui faire une destinée digne d’e1le’. 7. -— SUB HEIPBKSSEIBNT DES KOIIES A SB RECHERCHE] nr Lnun rAcn.1·rl: A sn ntcoursn. ll faut que je vous avertisse d'une chose, mon très-cher ami ’ : les hommes se recherchent quelquefois avec empres- sement, mais ils se dégoûtent aisément les uns des autres; cependant la paresse les retient longtemps ensemble après que leur goût est usé. Le plaisir, l’amitié, l’es·time, liens fra- giles, ne les attachent plus; l’habitude les asservit. Fuyez ces commerces stériles, d’où Yinstruction et la conliance sont bannies; le cœur s’y desseche et s’y gâte; l’imagina- tion y périt, etc. _ vous estime ou vous serve, ce sera un bien singulier hasard que vous éprou- vlez aa faveur. Il n’y a que la vertu, le génie et la patience qui forcent son hommage, et qui obtiennent une sorte de jnstiœ, apres bien des risques et des diagraces.] - Il n'échappera pas au lecteur que la seconde version est d'un ton plus déçuet plus amer que la premiere; elle est extraite de notre ma- nuscrit de Vauvenargues, qui nous parait avoir été rédigé vers la lin de sa vie. Rapprochez des 27•, 28* et 20* Réflexions, tirées du méme manuscrit. — G. l Dans la 1" édition, au lieu de ce dernier paragraphe, on trouve celui-ci: ¤ Il y a des occasions si importantes, qu'on y doit risquer peut-étre tout son ~ bien, et sa réputation meme; mais il faut que la gloire, oula vertu, oula • fortune justifient cette hardiesse. » -- Cette réüexion était écrite sans doute vers letemps ou Vauvenargues allait risquer, en effet, le peu de bien qu'il avait, pour vivre A Paris malgré sa famille (voir les Lettre: à S¤inl· Vincens), et sa rè- pulqlion méme, en osant déroger a sa qualité, pour faire le métier d'écrivain, comme il le dit quelque part. La version détlnitive, et surtout la variante que nous avons donnée dans la now précédente, nous montrent tout le chemin quîavait fait la pensee de Vauvenargues entre la i" et la 2· édition de son livre: la gloire et la fortune, sinon la vertu, n'ayant pas jualifé aa derniers hardiesse, il rabat de sa confiance, et nous fait involontairement conlldence de ses mécomptea. — G. • [Pourquoi cet air de lettres famllibrssî- V.]