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A UN JEUNE HOMME.


A. — sur le bien de la familiarité.

' Aimez la familiarité, mon cher ami; elle rend l'esprit Souple, délié, modeste, maniable, déconcerte la vanité, et donne, sous un air de liberté et de franchise, une pru- dence qui n'est pas fondée sur les illusions de l'esprit, mais ‘ sur les principes indubitables de l'expérience. Ceuxquî ne sortent pas d’eux—mémes sont tout d'une pièce'; ils crai- gnent les hommes qu'ils ne connaissent pas, ils les évitent, ils se cachent au monde et a eux-memes, et leur cœur est toujours serré. Donnez plus d‘essor à votre ame, et n'ap- préhendez rien des suites; les hommes sont faits de ma- nière qu'ils n’aperçoivent pas une partie des choses qu'on leur découvre, et qu’ils 'oublient aisément l'autre. Vous verrez d'ailleurs que le cercle où l'on a passé sa jeunesse se dissipe insensiblement; ceux qui le composaient s’éloi— gnent, et la société se renouvelle; ainsi l'on entre dans un autre cercle, tout instruit : alors si la fortune vous met dans des places où il soit dangereux de vous communiquer, vous. aurez assez d’expérience pour agir par vous·meme et vous passer d'appui; vous saurez vous servir des hommes et vous en défendre, vous les connaîtrez; enfin vous aurez la sa- gesse dont les gens timides ont voulu se revêtir avant le temps, et qui est avortée dans leur sein. q 5. - sun ms uovnus nn vivne en Paix avec LES noxnnas. Voulez-vous avoir la paix avec les honunes 7 ne leur con- testez pas les qualités dont ils se piquent : ce sont celles qu'ils Inettent ordinairement à plus haut prix ; c’est un point capi- tal pour eux. Souffrez donc qu'ils se fassent un mérite d’étre plus délicats que vous, de se connaître mieux en bonne chère, d' avoir des insomnies ou des vapeurs : laissez—leur croire l [Très-bien. — V.]

  • Sur Pexemplaire d’Aix, Voltaire remarque avec raison qu‘on emploie celle

c.1.·p£eaeùm dam I'u:age contraire, pour marquer un homme ouvert et franc.