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SUR DIVERS SUJETS.


dire, ou secantounent, et forment jusquedans les camps de petites sociétés où ils s’ent·retiennent encore du bon ton, et regrettent`l'oisiveté et les délices de Paris. Ces messieurs s'ennuient du genre de vie que l’on mène a l'armée; et com- , ment pourraient·ils s'en contenter, n'ayant ni le talent de la guerre, ni l'estime de leurs troupes, ni le goût de la gloire? Aussi, voyez-les sousleurs tentes : qui pensez-vous y rencontrer pour l'ordinaire? S'i1 y a dans l’armée un _ sujet médiocre, un fat dont la réputation soit équivoque, et qui soit aussi peu aimé qu’estimé de ses camarades, c’est la qu’il est souffert, et quelquefois recherché, pour - prix de ses honteux offices; c'est là qu'il nargue le mérite plus timide, qui évite de lui disputer ce lache honneur. Pendant cetemps, les officiers sont accablés desdepenses que le faste des supérieurs introduit et favorise; et bien- tot le dérangement de leurs affaires, ou Yimpossibilite de parvenir et de mettre en pratique leurstalents, les obligent à se retirer, parce que les gens de courage ne sauraient longtemps souffrir l’injustice ouverte, et que ceux qui tra- vaillent pour la gloire ne peuvent se fixer à un état ou l'on· ne recueille aujourd’hui que de la honte '.] t lu?. — uncannnn noms Aux Actions ou'.wx snnriuwrs. Un des plus grands traits de la vie de Syllaest d'avoir` dit qu’il voyait dans César, encore enfant, plusieurs Mae rius, c‘est-à.-dire un esprit plus ambitieux et plus fatal a la liberté. Molière n’est pas moins admirable` d'avoir_ prévu, sur une petite pièce de vers que lui montra Racine au sor- tir du collége, que ce jeune homme serait le plus grand poète de son siecle. On dit qu'i1 lui donna cent louis pour l'encourager à entreprendre une tragédie. Cette générosité, de la part d’un comédien qui n'était pas riche, me touche autant que la magnanimité d’un conquérant qui donne des · ‘ Ce morceau fait sue: voir que ce .n’est pss uniquement pour des raisons de sante que Vauvenargues se retirs de I'armée. - G. . '