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100 RÉFLEXIONS __ sent; ils donnent à diner, ils font des voyages; ils em- R; ploient le temps, qui est si précieux, en bagatelles; comme ‘ aussi ceux qui veulent voir des gens de lettres, pour acqué- rir la réputation de beaux-esprits, au lieu de cultiver les lettres elles-mêmes.] p A2. — [sua LE sm.-nsi>n1·r ·.] [On ne demande pas à. un bel-esprit qu'il approfondisse un art, pourvu qu'il sache discourir de l'art des autres. ll n'a pas besoin d’exceller dans un métier; il suffit qu'il se mele de tous les métiers, et qu'il ait la surface de tous les talents. Il doit savoir écrire en prose et en vers sur quelque sujet qui se presente; il est meme obligé de lire beaucoup de choses inutiles, parce qu'il doit parler fort peu de choses nécessaires; le sublime de sa science est de rendre des pen- sées frivoles par des traits. Qui prétend mieux penser ou,. mieux vivre? Qui sait meme où est la vérité? Un esprit su-- périeur aux préjugés fait valoir toutes les opinions, mai; ne tient à aucune; il a vu le fort et le faible de tous leg.; principes, et il a reconnu que l'esprit humain n’avait quî le choix de ses erreurs. Indulgente philosophie, qui égalî Achille et Thersite, et nous laisse la liberté d’étre ignorants..,: paresseux, frivoles, sans nous faire de pire condition ! Auss'î voyons-nous qu'elle a fait des progrès rapides : ce n’étaî""1 d’abord que le ton d'un petit nombre de beaux-esprits; au//" jourd’hui c’est une des modes du peuple.] 113. — [sun LE ron A LA Moon.] [Si c’est étre pédant que d'aIi'ecter la singularité, mettra- " de l'esprit partout, penser peu naturellement, et s'exprime ' " de méme, que de pédants n'y a~t-il pas parmi les gens dv 4 lettres, et parmi les gens du monde? Que voit-on aujour- ' " ·d'hui dans les livres et dans la meilleure compagnie, qu 4 beaucoup d’esprit sans justesse, une envie de briller au É I Rapprochez de la M' Réflexion. — G.