pour laquelle la nature ne les a point faits; quelques-uns
rompent ces chaines dont ils sont liés, pour suivre l'attrait
de leur génie, et ils prospèrent; mais les exemples en sont
rares, et l’on n’ose imiter cette hardiesse, parce qu'on craint
de commettre toute sa fortune à. son mérite, quoi que l’on '
en présume d'ailleurs.]
30. — [LA vn·w· usr nus cumin oon LE nouueun.]
[La vertu' est plus chère aux grandes âmes que ce que
l’on honore du nom de bonheur. Sans doute, il n’appartient
pas a tout homme de n'ètre point touché d'une longue
infortune, et c‘est manquer de vivacité et de sentiment que
de regarder du même œil la prospérité et les disgrâces;
mais souffrir avec fermeté; sentir sans céder la rigueur de
ses destinées; ne désespérer ni de soi, ni du cours chan-
geant des affaires; garder dans l'adversîté un esprit in-
flexible, qui brave la prospérité des hommes faibles, défie
la fortune, et méprise le vice heureux; voilà, non 'les fleurs
du plaisir, non l'ivresse des bons succès, non l‘encha.nte-
ment du bonheur, mais un sort plus noble, que l’inconstante
bizarrerie des événements ne peut ravir aux hommes qui
sont nés avec quelque courage.] A I
31. ·- IL NB nur rss TOUJOURS s’1:N rnnunn
· A LA ronruus'.
Ce qui fait que tant de gens de toutes les professions se
plaignent amèrement de leur fortune, [c']est qu’ils ont quel-
quefois le mérite d’un autre métier que celui qu’ils font. Je
ne sais combien d’officiers, qui ne sauraient mettre en ba-
taille cinquante hommes, auraient excellé au barreau, ou
dans les négociations, ou dans les finances. Ils sentent qu'ils
ont un talent, _et ils s’étonnent qu'0n ne leur en tienne aucun
compte; car ils ne font pas attention que c`est un mérite
• lei, comme presque toujours, Vauvenargues prend le mot vertu dans le
sens latin, c'est—à-dire dans le sons de courage ou de force frime.- G.
M::'::: renëettons dans les Réflexions ce morceau placé I tort dans les
l
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SUR DIVERS SUJETS.