Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/138

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ss nernsxious à la nature de tenir toujours le cœur des hommes au-dessus de leur condition '. Je le plains des piéges cruels qui se sont trouvés sur sa route, et meme des faiblesses naturelles qu’il n’a pu surmonter par son courage. Mais lorsque, malgré la fortune et malgré ses propres défauts, j’apprends que son esprit a toujours été occupé de grandes pensées, et dominé par les passions les plus aimables, je remercie à genoux la nature de ce qu’elle a fait des vertus indépendantes du bon- heur, et des lumières que l'adversité n’a pu éteindre'. l 2h. — son L'HIST0lBE nas normes nnnsrans. Les histoires des hommes illustres trompent la jeunesse. On y présente toujours le mérite comme respectable, on v plaint les disgràces qui Paccompagnent, et on y parle avec mépris de l’injustice du monde à l'égard de la vertu et des talents. Ainsi, quoiqu’on y fasse voir les hommes de génie presque wujours malheureux, on peint cependant leur génie et leur condition avec de si riches couleurs, qu’ils paraissent dignes d’envie dans leurs malheurs memes. Cela vient de ce que les historiens confondent leurs intérets avec ceux des hommes illustres dont ils parlent : marchant dans les memes sentiers, et aspirant à peu prés a la meme gloire, ils rele- vent autant qu'ils peuvent l’éclat des talents; on ne s’aper- çoit pas qu’ils plaident leur. propre cause, et comme on n'entend que leur voix, on se laisse aisément séduire à la justice de leur cause, et on se persuade aisément que le parti le meilleur est aussi le plus appuyé des honnetes gens. L'expérience détrompe la-dessus; pour peu qu' on ait vu le monde, on découvre bientot son injustice naturelle envers le mérite, l’envie des hommes médiocres, qui traverse jus- • Vauvenargues a dit meme chose,en memes termes, la B' Réflexion.

  • Gh partir de cette Réflexion, les contldenees que l’auteur nous fait surlui-

meme deviennent plus claires. C'est avec raison que M. Sainte-Beuve a rc- connu Vauvenargues dans ce portrait, comme déjà M. Villemain l'avait reconnu qïelefëraclère (voir plus loin) intitule Closomène ou la vertu malh¢u—