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Il REFLEXIONS toutes ses faiblesses et toutes ses forces; là se découvrent les artifices dont on s'enveloppe pour imposer en public; la pamtt la stérilité de notre esprit, la violence et lapeti~ tease de notre amour-propre, l'imposture de nos vertus. Ceux qui n’ont pas le courage de chercher la vérité dans ces rudes épreuves, sont profondément au-dessous de tout ce qu’il y a de grand; surtout c'est une chose basse que de craindre la raillerie, qui nous aide à fouler aux pieds notre amour-propre, et qui émousse, par Phabituds de souffrir, ses honteuses délicatessss. 18. — ncassrrs na nia: osa rauras. Il ne faut pas étre timide de peur de faire des fautes; la plus grande faute de toutes est de se priver de Pexpérience. · Soyons très-persuadés qu’i1 n’y a que les gens faibles qui aient cette crainte excessive de tomber et de laisser voir leurs défauts; ils évitent les occasions ou ils pourraient broncher et etre humiliés; ils rasent timidement la terre, n'osent rien donner au hasard , et meurent avec toutes leurs faiblesses qu’ils u'ont pu cacher'. Qui voudra se for- mer au grand doit risquer de faire des fautes, et ne pas s’y laisser abattre, ni craindre de se découvrir; ceux qui pénétreront ses faibles tacheront de s’en prévaloir; mais ils le pourront rarement. Le cardinal de Retz disait à. ses principaux domestiques : «Vous ètes deux ou trois a qui « je u'ai pu me dérober; mais j’ai si bien établi ma répu- « tation, et par vous-memes, qu'il vous serait impossible « de me nuire quand vous le voudriez'. n ll ne mentait pas: son historien rapporte qu’il s’était battu avec un de ses écuyers, qui l' avait accable de coups, sans qu’une aven- ture si humiliante pour un homme de ce caractere et de ce · | [Beau. — V.] `

  • Guy Joly, conseiller au Chatelet, rapporte en effet dans ses lémoina,

que lor·squ’il reprochait au cardinal an vie lieencieuae, ce prelat lui faisait cette réponse.-P. — [Cet exemple ne prouve pas qu'il faut risquer des fautes, mais qn'il faut se faire valoir. — V.]