fait’ parmi les hommes, c’est dans I’ordre des inteiligences un monstre qu’il faut plaindre. Le pyrrhonisme parfait est le délire de la raison, et la production la plus ridicule de l’esprit humain.
2. — SUR LA NATURE ET LA COUTUME.
Les hommes s’entretiennent volontiers dela force de la coutume, des elïets de la nature ou ·de l’opinion : peu en parlent exactement. Les dispositions fondamentales et originelles de chaque etre forment ce `qu’on appelle sa nature. Une longue habitude peut modifier ces dispositions primitives; et telle est quelquefois sa force qu’elle leur en substitue de nouvelles plus constantes, quoique absolument opposées : de sorte qu’elle agit ensuite comme cause premiére, et fait le fondement d’un nouvel ètre; d’où est venue cette conclusion très-littérale, qu’elle était une seconde nature, et cette autre pensée plus hardie de Pascal : que ce que nous prenons pour la nature n’est souvent qu’une première coutume’; deux maximes trés-véritables. Toutefois, avant qu’il y eût aucune coutume, notre éme existait, et avait ses inclinations qui fondaient sa nature; et ceux qui réduisent tout a l’0pinion et a Yhabitude ne comprennent pas ce qu’ils disent : toute coutume suppose antèrieurement une nature, toute erreur une vérité L ll est vrai qu’il est difficile de distinguer les principes de cette première nature de ceux de l’éducation; ces principes sont en si grand nombre et si compliqués que l’esprit se perd à les suivre, et il n’est pas moins malaise de démêler ce que l’éducation a épuré ou gâté dans le naturel. On peut remarquer seulement que ce qui nous reste de notre première
I « Ie mets en fait qu’il n’y a jamais eu de pyrrhonien elïectif et parfait. » · — Pascal, 2• part., art. n•·, pons. l·•. — G. _
- S‘Graveeande, dans son Traité du Syllogiamu, réduit, A très-peu de
chose prés, aux memœ termes, ses arguments contre les pyrrhonieus. — B. — [Ce chapitre est plein d’idées trop communes. — V.]
I Pascal, l’• part., art. vx, pensée XIX. —G.
• [Ce demier mot parait de trop.-V.] —- Voltaire a voulu dire ce dernier membre de phrase. — G.