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M . nnrnmxions autre signe en désirez -vous donc? quel autre croyez-vous , qu’on puisse avoir? vous en formez-vous quelque idée? On leur dit aussi : qui doute pense, et qui pense est, et tout ce qui est vrai de sa pensée l'est aussi de la chose qu'elle représente, si cette chose a l'ètre ou le reçoit jamais. Voila donc déja des principes irréfutables : or, s'il y a quelque principe de cette nature, rien n’empeche qu’il y en ait plusieurs. Tous ceux qui porteront le méme caractère auront infailliblement la méme vérité : il u’en serait pas autrement quand notre vie ne serait qu'un songe; tous les fantomes que notre imagination pourrait- nous figurer dans le sommeil, ou n'auraient pas l'étre, ou l'auraient tel qu’il nous [le] parait. S’il existe hors de notre imagination une société d'hommes faibles, telle que nos_idées nous la repré- sentent, tout ce qui est vrai de cette société imaginaire le sera de la société réelle, et il y aura dans cette so- ciété des qualités nuisibles, d’autres estimables ou uti- les, etc. ; et par conséquent des vices et des vertus. Oui, nous disent les pyrrhoniens : mais peut—étre que cette société n’est pas. Je réponds ; Pourquoi ne serait-elle pas, puisque nous sommes? Je suppose qu’il y eût la-dessus quelque incertitude bien fondée, toujours serions-nous obligés d’agir comme s’il n'y en avait pas. Que sera-ce si cette incertitude est sensiblement supposée? Nous ne nous donnons pas a nous-mémes nos sensations; donc il y a quelque chose hors de nous qui nous les donne : si elles sont fidèles ou trompeuses; si les objets qu’elles nous pei- _ gnent sont des illusions ou des vérités, des réalités ou des apparences, je n’entreprendrai pas de le démontrer: L’esprit de l'homme, qui ne connait qu'imparfaitement, ne saurait prouver parfaitement; mais l'imperfection de ses connaissances n’est pas plus manifeste que leur realité; et ’ s'il leur manque quelque chose pour la conviction du coté du raisonnement, l’instinct le supplée avec usure. Ce que la réflexion trop faible n’ose décider, le sentiment nous force de le croire. S’il est quelque pyrrhonien réel et par-