La prudence, une prévoyance raisonnable ; l’imprudence, tout au contraire.
L’activité naît d’une force inquiète ; la paresse, d’une impuissance paisible.
La mollesse est une paresse voluptueuse : l’austérité est une haine des plaisirs, et la sévérité, des vices.
La solidité est une consistance et une égalité d’esprit ; la légèreté, un défaut d’assiette et d’uniformité de passions ou d’idées.
La constance est une fermeté raisonnable dans nos sentiments ; l’opiniâtreté, une fermeté déraisonnable ; la pudeur, un sentiment de la difformité du vice et du mépris qui le suit.
La sagesse est la connaissance et l’affection du vrai bien ; l’humilité, un sentiment de notre bassesse devant Dieu ; la charité, un zèle de religion pour le prochain ; la grâce, une impulsion surnaturelle vers le bien.
46. — Du bon et du beau.
Le terme de bon emporte quelque degré naturel de perfection ; celui du beau, quelque degré d’éclat ou d’agrément[1]. Nous trouvons l’un et l’autre terme dans la vertu, parce que sa bonté nous plaît et que sa beauté nous sert. Mais d’une médecine qui blesse nos sens, et de toute autre chose qui nous est utile, mais désagréable, nous ne disons pas qu’elle est belle elle n’est que bonne ; de même à l’égard des choses qui sont belles sans être utiles.
M. Crouzas[2] dit que le beau naît de la variété réductible à l’unité, c’est-à-dire d’un composé qui ne fait pourtant qu’un seul tout et qu’on peut saisir d’une vue ; c’est là, selon lui, ce qui excite l’idée du beau dans l’esprit.