Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/203

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ce compte…

Champagne.
Monsieur Géronte était, sois-en bien convaincu…

Frontin.
Ce qu’en termes polis on appelle… trompé !

Champagne.
C’était moi qui portais les billets à Madame.
Elle est morte ; que Dieu veuille prendre son âme !
L’heureux temps ! je buvais à tire-larigot,
Et du port des poulets je me fis un magot,
Lequel est dans les mains de Géronte, mon maître,
Qui, voulant le garder, me garde aussi peut-être :
Car, de nature, il est lent à rendre l’argent,
Bien qu’à le recevoir il soit fort diligent…
Au reste, il me nourrit plus mal qu’un chien de chasse,
De mes gages déduit les cannes qu’il me casse
Sur le dos, et m’habille avec de tels lambeaux,
Que je fais, d’épouvante, envoler les corbeaux !
Quel sort ! Ah ! je suis né sous un astre bien chiche !

Frontin.
Si tu veux me servir, moi je te ferai riche.

Marinette.
Et moi, je t’aimerai.

Champagne.
Et moi, je t’aimerai.Non… je suis vertueux,
Et ne donne les mains à rien de tortueux ;