Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/198

Cette page n’a pas encore été corrigée

Trêve de raillerie !…
Sur quel pied, dans ce monde, est Votre Seigneurie ?

Frontin.
Je sers un gentilhomme amoureux, — l’animal !
J’ai très peu de profits ; mais j’ai beaucoup de mal.
Il faut tout faire ! Ah ! si le sort m’avait fait naître
Situé de façon à pouvoir être maître,
Je ne l’aurais pas pris pour valet, à coup sûr !
N’est pas valet qui veut ! C’est un métier fort dur ;
On exige de nous tant de vertus… pratiques !
Bien des héros seraient de piètres domestiques.
Les maîtres ! que feraient sans nous ces marauds-là ?

Marinette.
Mais si quelqu’un au tien allait dire cela ?…

Frontin.
Il n’en ferait que rire ; il m’aime. J’ai des vices…

Marinette.
Lesquels rendent aux siens de précieux services !

Frontin.
C’est vrai ! Je suis adroit ; mais il est amoureux,
Et ces deux grands défauts se consolent entre eux !

Marinette.
C’est comme moi, Frontin ; si j’étais trop naïve,
De quoi donc servirais-je à mon Agnès craintive ?

Frontin.
Je m’en rapporte à toi pour faire ton devoir,