Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/142

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On n’entend rien dans le silence
Que le pendule qui balance
Son disque d’or,
Et que le vent qui pleure et rôde,
Parcourant, pour entrer en fraude,
Le corridor.

C’est bal à l’ambassade anglaise :
Mon habit noir est sur la chaise,
Les bras ballants ;
Mon gilet bâille, et ma chemise
Semble dresser, pour être mise,
Ses poignets blancs ;

Les brodequins à pointe étroite
Montrent leur vernis qui miroite,
Au feu placés ;
À côté des minces cravates,
S’allongent comme des mains plates
Les gants glacés.

Il faut sortir ! — quelle corvée !
Prendre la file à l’arrivée
Et suivre au pas
Les coupés des beautés altières
Portant blasons sur leurs portières
Et leurs appas ;

Rester debout contre une porte
À voir se ruer la cohorte
Des invités,
Les vieux museaux, les frais visages,
Les fracs en cœur et les corsages
Décolletés,