Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Lustrant son aile qu’il essuie,
L’oiseau persiste en sa chanson ;
Malgré neige, brouillard et pluie,
Il croit à la jeune saison.

Il gronde l’aube paresseuse
De rester au lit si longtemps
Et, gourmandant la fleur frileuse,
Met en demeure le Printemps.

Il voit le jour derrière l’ombre ;
Tel un croyant, dans le saint lieu,
L’autel désert, sous la nef sombre,
Avec sa foi voit toujours Dieu.

À la nature il se confie,
Car son instinct pressent la loi.
Qui rit de ta philosophie,
Beau merle, est moins sage que toi !