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VI

 
La spirale sans fin dans le vide s’enfonce ;
Tout autour, n’attendant qu’une fausse réponse
        Pour vous pomper le sang,
Sur leurs grands piédestaux semés d’hiéroglyphes,
Des Sphinx aux seins pointus, aux doigts armés de griffes,
        Roulent leur œil luisant.

En passant devant eux, à chaque pas l’on cogne
Des os demi rongés, des restes de charogne,
        Des crânes sonnant creux.
On voit de chaque trou sortir des jambes raides,
Des apparitions monstrueusement laides
        Fendent l’air ténébreux.

C’est ici que l’énigme est encor sans Oedipe,
Et qu’on attend toujours le rayon qui dissipe
        L’antique obscurité.
C’est ici que la mort propose son problème,
Et que le voyageur, devant sa face blême
        Recule épouvanté.

Ah que de nobles cœurs et que d’âmes choisies,
Vainement, à travers toutes les poésies,
        Toutes les passions,
Ont poursuivi le mot de la page fatale
Dont les os gisent là sans pierre sépulcrale
        Et sans inscriptions !

Combien, don Juans obscurs, ont