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Un mort qu’ils réveillaient les pria de se taire ;
Un pâle éclair parti non du ciel mais de terre
        Me fit dans leurs tombeaux
Voir tous les trépassés cadavres ou squelettes,
Avec leurs os jaunis ou leurs chairs violettes,
        S’en allant par lambeaux ;

Les jeunes et les vieux, peuple du cimetière,
Pauvres morts oubliés n’entendant sur leur pierre
        Gémir que l’ouragan,
Et dévorés d’ennui dans leur froide demeure,
De leurs yeux sans regard cherchant à savoir l’heure
        A l’éternel cadran.

Puis tout devint obscur, et je repris ma route,
Pâle d’avoir tant vu, plein d’horreur et de doute,
        L’esprit et le corps las ;
Et me suivant partout, mille cloches fêlées,
Comme des voix de mort me jetaient par volées
        Les râlements du glas.

III

 
Et je rentrai chez moi. — De lugubres pensées
Tournaient devant mes yeux sur leurs ailes glacées
        Et me rasaient le front.
Comme on voit sur le soir autour des cathédrales,
Des essaims de corbeaux dérouler leurs spirales
        Et voltiger en rond.