Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/317

Cette page n’a pas encore été corrigée

Circé changeait les corps, mais pour changer une âme,
À défaut de sorcière, il suffit d’une femme !

Georges.
J’ai vingt-sept ans bientôt, âge patriarcal ;
Les airs évaporés maintenant m’iraient mal.
Tu vois sous le dandy l’homme d’État qui perce,
Et je vais demander l’ambassade de Perse.

Sinclair.
Comme dans Le Barbier, qui trompe-t-on ici ?
L’ambassade de Perse est ton moindre souci ;
Allons, Georges ! sois franc, et pas de fausse honte,
Une douleur s’allège alors qu’on la raconte ;
Ma curiosité n’est que de l’intérêt :
Je veux savoir ta peine et non pas ton secret,
Comme le médecin qui presse son malade.

Georges.
Mais c’est toute une histoire.

Sinclair.
Mais c’est toute une histoire. Use de ton Pylade
En Oreste, et sois long ; je connais mes devoirs.

Georges.
On s’inquiète fort de la traite des noirs,
Mais l’on s’occupe peu de la traite des blanches,
Et ce commerce en France a ses allures franches.
Comme à Constantinople, il existe à Paris
Des bazars à fournir un sérail de houris.

Sinclair.