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Laura.
Georges, tu baisses.

Georges.
Georges, tu baisses. Non, je remonte.

Fanny.
Georges, tu baisses. Non, je remonte. Je crains,
Mon lion, qu’on ne t’ait coupé griffes et crins,
Et que, piteusement, tu n’aimes en cachette
Une pensionnaire ou bien une grisette !
Où donc est-il passé, ce charmant compagnon
Qui jamais au plaisir n’avait répondu : « Non, »
Et, les soirs de début, dirigeant la cabale,
Se prélassait si fier dans la Loge infernale ;
Cet élégant pilier du café Tortoni,
Ce gentleman rider de la Croix de Berny,
Qu’Edward et Robinson, que tant d’audace effraie,
N’ont jamais distancé dans la course de haie ;
Ce moderne don Juan que nul n’égalera,
Méduse des maris, amour de l’Opéra,
Qui jetait pour mouchoir des cornets de dragées
Aux vertus du ballet en espalier rangées !…
Regarde ton habit à la mode d’hier,
Toi le Brummell français dont Chevreul était fier,
Et ce gilet gothique, image de ton âme,
Qui te signe bourgeois et prêt à prendre femme !
Ta cravate mal mise a des plis pleins d’aveux,
Et l’on t’accuse, au club, de bagues en cheveux.
C’en est fait ! Lovelace est séduit par Clarisse !
Adieu la folle vie et le libre caprice !
Adieu sport, lansquenet, cigares, fins soupers,
Chiens, chevaux, vie à deux dans les petits coupés,