Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/229

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Et le canon des Invalides,
Tonnerre mêlé de rayons,
Fait partout aux foules avides
Compter ses détonations.

Au bruit du fracas insolite
Qui fait trembler son piédestal,
S’émeut le glorieux stylite
Sur son bronze monumental.

Les aigles du socle s’agitent,
Essayant de prendre leur vol,
Et leurs ailes d’airain palpitent
Comme au jour de Sébastopol.

Mais ce n’est pas une victoire
Que chantent cloches et canons ;
Sur l’Arc de Triomphe l’Histoire
Ne sait plus où graver des noms !
 
C’est un Jésus à tête blonde
Qui porte en sa petite main,
Pour globe bleu, la paix du monde
Et le bonheur du genre humain.

Sa crèche est faite en bois de rose,
Ses rideaux sont couleur d’azur ;
Paisible en sa conque il repose,
Car : Fluctuat nec mergitur.

Sur lui la France étend son aile ;
À son nouveau-né, pour berceau,
Délicatesse maternelle,
Paris a prêté son vaisseau.