Soulevant hautement l’enfant à tête blonde,
Il dit ceci : « Seigneur de la terre et des cieux,
Faites que ce cher prince en tous pays du monde
Devienne glorieux. »
Ici l’on apporta des cadeaux de baptême.
Witold donna les siens, et puis dans un berceau
Coulé de pur argent il déposa lui-même
Le petit roi nouveau.
Il l’élevait à bien défendre la patrie ;
Mais la mort, quand l’enfant eut douze ans, l’emporta,
Et Jagellon le vieux s’en allant de la vie,
Sur son trône il monta.
Des viles passions il évita l’empire,
De Chobry dignement il suivit le chemin ;
Il tint l’État en bride, et le sut bien conduire
Avec sa forte main.
Ceux de Poméranie, et ceux de Moldavie,
Et ceux de Valachie, en foule accouraient tous
Comme à leur roi, devant son trône, à Varsovie,
Plier les deux genoux.
Voyant comme c’était un prince grand et brave,
Pour avoir son appui, le peuple des Hongrois
Lui fit porter en pompe, ainsi qu’un humble esclave,
La couronne des rois.
Son pouvoir s’affermit ; et lorsque dans Byzance
Le trône des Césars chancelle, près de choir,
Rome et le monde entier dans sa seule vaillance
Mettent tout leur espoir.
Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/192
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