Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE MARAIS

À MON AMI ARMAND E***

Ainsi près d’un marais on contemple voler
Mille oiseaux peinturés…

Amadis Jamyn.

En chasse, et chasse heureuse !
Alfred de Musset.



C’est un marais dont l’eau dormante
Croupit, couverte d’une mante
Par les nénuphars et les joncs :
Chaque bruit sous leurs nappes glauques
Fait au chœur des grenouilles rauques
Exécuter mille plongeons ;

La bécassine noire et grise
Y vole quand souffle la bise
De novembre aux matins glacés ;
Souvent, du haut des sombres nues,
Pluviers, vanneaux, courlis et grues
Y tombent, d’un long vol lassés.