Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/69

Cette page n’a pas encore été corrigée

la nature du corps humain et à la fois celle du corps extérieur.

Démonstration : Car toutes les modifications dont un corps quelconque est affecté résultent de la nature du corps qui reçoit l’affection, et tout ensemble de la nature du corps qui la produit (par l’Axiome 1, après le Corollaire du Lem. 3) ; en conséquence, l’idée de ces modes doit (par l’Axiome 4, partie 1) exprimer nécessairement la nature de chacun de ces corps ; de sorte que l’idée de chacune des modifications dont le corps humain est affecté par un corps extérieur exprime la nature du corps humain et celle du corps extérieur. C. Q. F. D.

Corollaire 1 : Il suit de là premièrement que l’âme humaine doit percevoir en même temps que la nature de son corps celle de plusieurs autres corps.

Corollaire 2 : En second lieu, que les idées que nous avons des corps extérieurs marquent bien plus la constitution de notre corps que la nature des corps extérieurs : ce qui a d’ailleurs été expliqué par beaucoup d’exemples dans l’appendice de la première partie.


PROPOSITION 17

Si le corps humain est affecté d’une modification qui exprime la nature d’un corps étranger, l’âme humaine apercevra ce corps étranger comme existant en acte ou comme lui étant présent, jusqu’à ce que le corps humain reçoive une modification nouvelle qui exclue l’existence ou la présence de ce même corps étranger.

Démonstration : Cela est évident, car tant que le corps humain sera affecté de telle façon, l’âme humaine (par la Propos. 12, partie 2) apercevra cette affection du corps ; c’est-à-dire (par la Propos. précéd.) qu’elle aura l’idée d’une modification actuellement existante, qui exprime la nature d’un corps extérieur ; c’est-à-dire encore qu’elle aura une idée qui n’exclut pas, mais qui pose au contraire l’existence ou la présence de la nature d’un corps extérieur, et par conséquent (en vertu du Corollaire 1 précéd.) l’âme apercevra un corps extérieur comme existant en acte ou comme présent jusqu’à