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nécessité que Dieu doit faire une infinité de choses infiniment modifiées. De plus, nous avons montré, dans la proposition 34, partie 1, que la puissance de Dieu n’est autre chose que son essence prise comme active, et partant, qu’il nous est tout aussi impossible de concevoir Dieu n’agissant pas, que Dieu n’existant pas. Si même je voulais pousser plus loin ces pensées, je montrerais que cette puissance que le vulgaire imagine en Dieu, non-seulement est une puissance tout humaine (ce qui fait voir que le vulgaire conçoit Dieu comme un homme ou à l’image d’un homme), mais même enveloppe une réelle impuissance. Mais je ne veux point revenir si souvent sur la même chose. Je me borne à prier instamment le lecteur de peser, avec un redoublement d’attention, ce qui a été dit sur cette matière dans la première partie, depuis la proposition 16 jusqu’à la fin. Car personne ne pourra bien comprendre ce que je veux établir, s’il ne prend le plus grand soin de ne pas confondre la puissance de Dieu avec la puissance et le droit des rois.


Proposition 4

L’idée de Dieu, de laquelle découlent une infinité de choses infiniment modifiées, ne peut être qu’unique.

Démonstration : L’intelligence infinie n’embrasse rien de plus que les attributs et les affections de Dieu (par la Propos. 30, partie 1)Or, Dieu est unique (par le Corollaire 1 de la Propos. 14, partie 1),par conséquent, l’idée de Dieu, de laquelle découlent une infinité de choses infiniment modifiées, ne peut être qu’unique.


Proposition 5

L’être formel des idées a pour cause Dieu, en tant seulement que l’on considère Dieu comme une chose pensante et non pas en tant que sa nature s’exprime par un autre attribut ; en d’autres termes, les idées des choses particulières n’ont point pour cause efficiente leurs objets, c’est-à-dire les choses perçues, mais Dieu lui-même, en tant qu’il est une chose pensante.

Démonstration : Cela résulte évidemment de laproposition 3de cette deuxième partie. Nous y sommes arrivés, en effet, à cette conclusion, que Dieu peut