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qu’on la peut appeler déterminée ou indéterminée, parfaite ou imparfaite. - Maintenant, comme la nature de Dieu ne consiste pas dans un genre déterminé d’existence, mais dans l’existence elle-même, qui est absolument indéterminée, sa nature demande tout ce qui exprime parfaitement l’être, sans quoi elle serait déterminée et aurait du défaut. D’où il s’ensuit qu’il ne peut y avoir qu’un seul être, savoir Dieu, qui existe par sa propre vertu. Posons, en effet, pour prendre un exemple, que l’étendue enveloppe l’existence : il est dès lors nécessaire qu’elle soit éternelle et indéterminée, et qu’absolument parlant elle n’exprime aucune imperfection ; il faut au contraire qu’elle exprime la perfection. Mais s’il en est ainsi, elle appartient donc à la nature de Dieu, elle est donc quelque chose qui exprime la perfection de Dieu d’une certaine façon, Dieu étant l’être indéterminé et tout-puissant, non pas sous un point de vue particulier, mais absolument et dans l’essence. Or tout ce que nous disons là de l’étendue se doit affirmer de toute autre chose quelconque à laquelle nous supposerons l’existence par soi. Je conclus donc, comme dans ma précédente lettre, qu’il n’y a rien que Dieu seul qui subsiste par sa propre vertu. - Je crois que ces explications suffisent pour l’éclaircissement de ma précédente lettre ; c’est du reste, Monsieur, ce dont vous jugerez mieux que moi ....


Lettre XXII.

À MONSIEUR J. B.,

B. DE SPINOZA.



MONSIEUR ET CHER AMI,


Il m’a été impossible jusqu’à ce moment de répondre