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mathématique sans le secours d’une révélation divine ; c’est pourquoi je me suis exprimé de cette sorte : Je crois, mais je ne sais pas mathématiquement tout ce que Dieu a révélé aux prophètes, etc. En effet, je crois fermement, mais sans le savoir d’une façon mathématique, que les prophètes ont été les conseillers intimes de Dieu et ses fidèles ambassadeurs. Il n’y a donc dans ce que j’ai affirmé aucune contradiction, tandis qu’il ne s’en rencontre pas médiocrement dans le sentiment contraire.

Le reste de votre lettre, notamment le passage où vous dites : Enfin l’Être souverainement parfait connaissait d’avance, etc., ainsi que vos objections contre l’exemple du poison, enfin ce qui regarde l’Appendice avec tout ce qui suit, tout cela, dis-je, n’a aucun rapport à la question.

Il est vrai que dans la préface de L. M., après avoir montré ce qui restait à faire à Descartes pour établir une démonstration solide du libre arbitre, on ajoute que j’embrasse une opinion différente de la sienne, et de quelle façon. Je me réserve d’expliquer ma doctrine sur ce point quand il en sera temps ; aujourd’hui mon dessein n’est pas d’y toucher.

Je n’ai plus pensé à l’ouvrage sur Descartes et n’en ai pris aucun souci depuis qu’il a été traduit en hollandais. J’ai mes raisons pour agir ainsi, et il serait trop long d’en faire ici le compte. De façon qu’il ne me reste plus, Monsieur, qu’à me dire, etc.


Lettre XIX.

À MONSIEUR ****,

B. DE SPINOZA.



MONSIEUR,

Je n’ai pu vous envoyer plus promptemen