Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/390

Cette page n’a pas encore été corrigée

à votre seconde lettre ; mais il me sera plus commode de répondre à vos questions quand vous voudrez bien me venir voir. Venez sans retard, je vous en prie, si la chose vous est possible ; car voici le temps des voyages. Adieu, et n’oubliez pas celui qui aime à se dire, etc.


Lettre XVI.

À MONSIEUR B. DE SPINOZA,

GUILLAUME DE BLYENBERGH 1.



Monsieur et ami inconnu, j’ai déjà relu plusieurs fois votre traité récemment publié 2, et l’Appendice que vous y avez joint. À tout autre qu’à vous je dirais quelle solidité j’y ai trouvée, avec quel plaisir je l’ai dévoré ; ce que je ne puis taire, c’est que plus je le lis, plus il me plaît, et que j’y trouve chaque fois de nouvelles lumières. Mais je ne veux pas passer pour un flatteur et m’abandonner sans mesure à l’admiration que je ressens pour l’auteur d’un tel ouvrage. Je sais que les dieux ne refusent rien au travail. Vous vous étonnez sans doute de cette liberté que prend un inconnu de vous écrire, et vous vous demandez qui ce peut être : c’est un homme qui, poussé par un sincère amour de la vérité, s’efforce d’avancer dans la science aussi loin que l’infirmité de notre nature nous le permet dans cette courte et fragile vie, qui dans la recherche de la vérité ne se propose point d’autre but qu’elle-même ; qui ne demande à la science ni honneurs,