Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
358
LETTRES.

but c’est ce dont le concept n’enveloppe le concept d’aucune autre chose. Quatrièmement, enfin, j’ai dit que quand deux choses n’ont entre elles rien de commun, l’une ne peut être cause de l’autre. Car, puisqu’il n’y a rien dans l’effet qui lui soit commun avec la cause, tout ce que l’effet contiendrait, il le tirerait donc du néant.

Quant à ce que vous soutenez, que Dieu n’a rien qui lui soit formellement commun avec les choses créées, etc., j’ai établi le contraire dans ma définition ; car j’ai dit : Dieu est l’être constitué par une infinité d’attributs infinis, c’est-à-dire parfaits chacun dans son genre. Je ne dirai rien de la difficulté que vous élevez contre ma première proposition, si ce n’est que je vous prie, mon ami, de considérer que les hommes ne sont pas créés, mais seulement engendrés, et que leurs corps existaient déjà avant la génération, quoique avec une forme différente[1]. Vous concluez de là avec raison, et je donne entièrement les mains à cette conséquence, que si une partie de la matière était annihilée, toute l’étendue s’évanouirait. - Je dis enfin que ma seconde proposition ne conduit pas à plusieurs dieux, mais à un seul, constitué par une infinité d’attributs, etc.




LETTRE V[2].

À MONSIEUR HENRI OLDENBOURG,
B. DE SPINOZA


Monsieur,

Je vous remercie vivement, vous et M. Boyle[3], de vou-

  1. Voyez Éthique, part. 1, Propos. 7. — Je continue de citer en note les passages de l’Éthique qui peuvent éclairer les Lettres de Spinoza, ou en recevoir quelque lumière.
  2. C’est la XVe des Opp. posth.
  3. Spinoza avait envoyé à Boyle, par Oldenburg, des observations critiques sur