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LETTRES.

que des substances et des accidents ; tandis que plusieurs philosophes soutiennent que le temps et le lieu ne sont point compris dans ces deux sortes d’existence. Le troisième axiome, qui est que deux choses dont les attributs sont divers ne peuvent rien avoir de commun, est si peu clair à mes yeux, qu’il me semble que l’univers entier nous enseigne justement le contraire. En effet, toutes les choses qui nous sont connues diffèrent les unes des autres par certains endroits et se conviennent par d’autres endroits. Enfin, quant au quatrième axiome, savoir : que les choses qui n’ont rien de commun ne peuvent être causes l’une de l’autre, j’avoue que les ténèbres de mon intelligence m’en cachent la clarté et me forcent de vous demander un peu plus de lumière. Car, à ce qu’il me semble, il n’y a rien de commun, au moins formellement, entre Dieu et les choses créées ; et cependant presque tout le monde reconnaît Dieu comme la cause des créatures. Vous pensez bien, Monsieur, que ces axiomes n’étant pas, à mes yeux, à l’abri de toute incertitude, les propositions que vous avez bâties sur ce fondement chancellent dans mon esprit ; et plus je les médite, plus je me trouve assiégé de difficultés. En ce qui touche, par exemple, la première de ces propositions, il me paraît que deux hommes sont deux substances de même attribut, savoir, la raison, et je conclus de là qu’il peut y avoir deux substances de même attribut. — Et, relativement à la seconde proposition, aucun être ne pouvant être cause de soi-même, je ne puis comprendre comment il serait vrai qu’une substance ne peut être produite, ni venir d’une autre substance. Car il résulte de cette proposition que toutes les substances sont causes d’elles-mêmes, indépendantes l’une de l’autre, ce qui en fait autant de dieux, et ne va à rien moins qu’à nier la première cause des choses. J’avoue donc sincèrement que je ne comprends rien à tout cela, à moins que vous ne me fassiez la grâce de m’expliquer d’une façon plus claire et plus étendue votre sentiment sur ce grand sujet, et de me