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14) il n’y a qu’une substance, savoir Dieu ; et il n’y a d’autres affections (par la Propos. 15) que celles qui sont en Dieu, et ne peuvent être ni être conçues sans Dieu (par la même Propos.). Donc, un entendement fini ou infini en acte doit comprendre les attributs de Dieu et les affections de Dieu, et rien de plus. C. Q. F. D.


Proposition 31

L’entendement en acte, soit fini, soit infini, comme, par exemple, la volonté, le désir, l’amour, etc., se doivent rapporter à la nature naturée, et non à la naturante.

Démonstration : Par entendement, en effet, nous ne désignons évidemment pas la pensée absolue, mais seulement un certain mode de penser, lequel mode diffère des autres, tels que le désir, l’amour, etc., et en conséquence doit être conçu par son rapport à la pensée absolue (en vertu de la Déf. 5) ; et ainsi (en vertu de la Propos. 15 et de la Déf. 6) c’est par son rapport à un attribut de Dieu exprimant l’essence éternelle et infinie de la pensée, que l’entendement doit être conçu, de telle façon que, sans cet attribut, il ne puisse être ni être conçu. Donc (par le scholie de la Propos. 29) il doit être rapporté à la nature naturée, et non à la naturante, tout comme les autres modes de la pensée. C. Q. F. D.

Scholie : Si je parle ici d’entendement en acte, ce n’est pas que j’accorde qu’il y ait aucun entendement en puissance ; mais désirant éviter toute confusion, je n’ai voulu parler que de la chose la plus claire qui se puisse percevoir, je veux dire l’acte même d’entendre, l’intellection. Nous ne pouvons en effet rien entendre qui ne nous donne de l’acte d’entendre, de l’intellection, une connaissance plus parfaite.


Proposition 32

La volonté ne peut être appelée cause libre ; mais seulement cause nécessaire.

Démonstration : La volonté n’est autre chose qu’un certain mode de penser, comme l’entendement. Par conséquent (en vertu de la Propos. 28) une volition quelconque ne peut exister ni être déterminée à l’action que par une autre cause, et celle-ci par une autre, et ainsi à l’infini.