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26 et 27, part. 4) ; et par conséquent, toute affection qui détermine l’âme à considérer à la fois plusieurs objets est moins nuisible qu’une autre affection de même force, mais qui tient l’âme attachée à la condition d’un seul objet ou d’un petit nombre d’objets avec une telle force qu’elle ne peut penser à aucun autre ; voilà le premier point. En second lieu, l’essence de l’âme ou sa puissance (par la Propos. 7, part. 3) consistant dans la seule pensée (par la Propos. 11, part. 3), l’âme pâtit moins d’une affection qui la détermine à penser à la fois à plusieurs objets qu’elle ne ferait d’une affection de force égale, mais qui tiendrait l’âme attachée à la considération d’un objet unique ou d’un petit nombre d’objets : voilà le second point. Enfin, cette première affection, en tant qu’elle se rapporte d’un plus grand nombre de causes extérieures, doit être moindre à l’égard de chacune (par la Propos. 58, part. 3). C. Q. F. D.

PROPOSITION X

Tant que notre âme n’est pas livrée au conflit des passions contraires à notre nature, nous avons la puissance d’ordonner et d’enchaîner les affections de notre corps suivant l’ordre de l’entendement. Démonstration : Les passions contraires à notre nature, c’est-à-dire (par la Propos. 30, part. 4) les passions mauvaises, sont mauvaises en tant qu’elles empêchent l’âme de penser (par la Propos. 27, part. 4). En conséquence, tant que notre âme n’est point livrée au conflit des passions contraires à notre nature, la puissance par laquelle l’âme s’efforce de comprendre les choses n’est point empêchée (par la Propos. 26, part. 4), et par suite l’âme a la puissance de former des idées claires et distinctes, et de les déduire les unes des autres (voyez le Schol. 2 de la Propos. 40 et le Schol. de la Propos. 47, part. 2) ; d’où il résulte (par la Propos. 1, part. 5) qu’elle a la puissance d’ordonner et d’enchaîner les affections du corps suivant l’ordre de l’entendement. C. Q. F. D.

Scholie :