Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/266

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elle est de nature, au contraire, à pouvoir être empêchée en quelque façon par ces affections qui excluent l’existence de sa cause extérieure (par la Propos. 9, part. 4). Or, toute passion qui provient de la raison se rapporte nécessairement aux propriétés communes des choses (voyez la Déf. de la raison dans le Schol. 2 de la propos. 40, part. 2), lesquelles sont toujours considérées comme présentes, rien ne pouvant exclure leur présente existence, et imaginées de la même manière (par la Propos. 38, part. 2). Par conséquent, une telle passion reste toujours la même ; et il en résulte (par l’Ax. l, part. 5) que les passions qui lui sont contraires, et ne sont point entretenues par leurs causes extérieures, doivent se mettre de plus en plus d’accord avec cette passion permanente, jusqu’à ce qu’elles cessent de lui être contraires, et il est évident que, sous ce point de vue, les passions qui proviennent de la raison sont plus puissantes que les autres. C. Q. F. D.

PROPOSITION VIII

Une passion est d’autant plus grande qu’elle est excitée par un plus grand nombre de causes qui concourent ensemble au même but.

Démonstration : Un grand nombre de causes peuvent plus ensemble qu’un petit nombre (par la Propos. 7, part. 3) ; et en conséquence (par la Propos. 5, part. 4), une passion est d’autant plus grande qu’elle est excitée tout à la fois par un plus grand nombre de causes. C. Q. F. D. Scholie : Cette proposition résulte également de l’Ax. 2 de cette cinquième partie.

PROPOSITION IX

Une affection qui se rapporte à plusieurs causes diverses que l’âme aperçoit en même temps que l’affection elle-même est moins nuisible qu’une affection de même force, mais qui se rapporte à un petit nombre de causes ou à une seule ; l’âme en pâtit moins, et elle est moins affectés par chacune de ces causes diverses qu’elle ne le serait par une cause unique ou par un petit nombre de causes. Démonstration : Une affection n’est mauvaise ou nuisible qu’en tant qu’elle empêche l’âme de penser (par les Propos.